.1. Introduction | 0.1. Résumé | ||
.0.2 Abstract | 0.3. Mots-clefs | ||
.2. Changement de sujet } | A. B. |
Graphique des phrases dans Hamlet Tableau des tirades dans Hamlet |
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.3. Continuité du discours } | C. D. |
Graphique des phrases, Terre des hommes Tableau des paragraphes de Terre des hommes |
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.4. Autres figures | E. | Graphique des phrases dans Pilote de guerre | |
.4.1 Constance | F. | Tableau sur la continuïté, Pilote de guerre | |
.4.2 Déclin | G. | Tableau sur le déclin pour Pilote de guerre | |
.4.3 Accroissement | H. | Tableau sur l'accroissement, Pilote de guerre | |
.4.4 Chute | I. | Tableau sur la chute pour Pilote de guerre | |
.4.5 Superposition | J. | Tableau sur la superposition, Pilote de guerre | |
.5. Application d’un nuage de bulles aux mots-outils | K. | Graphique sur les mots-outils, Le Petit Prince | |
.6. Conclusion | |||
.7. Une bibliographie indicative sur le longueur des phrases |
.A. | Graphique en secteur du volume de l'œuvre |
.B. | Graphique du volume de l'œuvre avec Citadelle |
.C. | Tableau du relevé des occurrences pour l'étude |
.D. | Tableau du relevé des occurrences dans Frantext |
.A. Mots commençant par e | |
.B. Prénoms, pays et communes fr. | .F. Caractères spéciaux |
.C. Abréviations | .G. Interjections |
.D. Mots-outils et assimilés | .H. Dictionnaire des catégories |
.E. Mots composés | .I. Dictionnaire des noms propres |
Pro:Rela - Pro:Inte - Coj:Cplt - Coj:Circ/Locu - Coj:Circ/Aver/Locu - Coj:Circ/Verb/Locu - Coj:Circ/Corr/Aver/Locu - Coj:Circ/Corr/Verb/Locu - Adv:Itrj - Adv:Néga
Que est le morphème consacré par la syntaxe pour établir un lien entre propositions, emblématique des descriptions grammaticales complexes sur la subordination, sur la façon dont s’articule et s’amplifie une phrase dans la langue française. Sa variation morphologique se ramène à sa seule élision, pour autant son ambiguïté est importante puisqu’il couvre trois catégories avec des variations de traits pour chacune.
Le découpage catégoriel selon le critère sémantique n’est pas sans rappeler la polarité nominale / verbale. C’est-à-dire si que est relatif à un élément spécifique de l’énoncé, un animé ou un inanimé (être, décor, pensée, objet...), en somme d’un nom en situation, ou bien s’il s’agit d’une notion de contexte, de rapport à l’action, de circonstance (penser, expliquer, cause, temporalité...). Il entre dans les aires pronominales et conjonctives, Pro et Coj.
Pour la considération sur le contexte, l’on peut distinguer deux traits. Le premier recouvre la notion de circonstanciel, Coj:Circ, et le second de modalisation, Coj:Cplt. Pour la représentativité du nom, le morphème est inclus comme construction interrogative Pro:Inte ou assertive Pro:Rela.
Selon le critère syntaxique, le pronom est librement relié au nom et la complétive immédiatement au verbe. Le repère circonstanciel est explicite puisqu’il s’associe à une autre forme, parfois archaïque : « parce que », les séquences étant classées comme locution. Une construction particulière, la corrélative, Coj:Circ/Corr, opère une distinction de traits, et sa retenue apparaît nécessaire, tant elle se distingue des autres classes.
Privé de liant propositionnel, que relève de l’adverbe en emploi exclamatif, simplement classé interjection, Adv:Itrj, et négatif, en association au morphème « ne », Adv:Néga. Il se situe au même degré de précision que les autres adverbes.
Ces multiples habillements impliquent une hiérarchie rigoureuse du bloc et culmine dans la confusion entre complétive et relative, § 7. . La dimension syntaxique provoque l'écueil du catégoriseur dès lors que les propositions enchassées apparaissent et se complexifient, § 8. .
Pro:Rela
Le que pronom relatif entre dans le paradigme des qui, où, dont, lequel, desquelles... et comme ceux-ci, il possède une propriété anaphorique. D’un point de vue morphologique, la classe est sans marque de genre et de nombre : « Les grenades et les cartouches, que *que Pro:Rela /amb le gouvernement nous distribue le soir, dorment au pied de nos lits dans leurs caisses. » (Terre des hommes).
Sa dépendance à l’antécédent facilite la rédaction de règles, et la parasite si ce dernier est lui-même un autre que. N’étant pas cataphorique, la recherche dans la phrase est simplifiée. L’énoncé précédent montre que la ponctuation n’entrave que faiblement la catégorisation, tout dépend de la distance entre l’antécédant et la forme.
Sa fonction est souvent objet direct et parfois : « attribut, sujet réel et complément adverbial » (Goosse, 1993 : §684). De même que la distinction entre conjonction circonstancielle et conjonction complétive, le pronom relatif peut introduire une déterminative, difficilement supprimable, et une explicative, au contraire peu indispensable au sens de l’énoncé. Ces traits seraient retenus pour un développement de la classe. D’autres considérations sur le pronom relatif sont ébauchées au chapitre IV.4.2.2.1. .
Coj:Cplt
Dans la majorité des énoncés la complétive se rapporte au verbe, et le suit immédiatement, ce qui permet une analyse sûre. Il nous faut bien définir la notion de complétive : « Cette dénomination est employée de diverses façon par les grammairiens. » (Wagner, 1991 : 591). Selon nombre d’entre eux le que devient un complémenteur, un simple outil de jonction, aussi appelée Que-P.
Certains noms abstraits correspondent aux adjectifs de cette classe et admettent aussi une complétive par que : « la certitude que », « je suis certain que », « Il lui explique cette certitude qu’il a en lui. ». L’ambiguïté s’opère avec le pronom relatif et est développée dans le chapitre 7. .
La subordonnée complétive peut être complément d'objet, précédant un verbe :
- « Je vous annonce un événement. Les hirondelles sont revenues. »
- « Je vous annonce que les hirondelles sont revenues. », Ver + que ;
La subordonnée complétive est aussi complément d'attribut :
- « La vérité est celle-ci. Je ne m'y attendais pas. »
- « La vérité est que je ne m'y attendais pas. », État + que ;
La subordonnée est sujet réel de la principale, et fonctionne avec un adjectif :
- « Ceci est exact. La réunion a été annulée. »
- « Il est exact que la réunion a été annulée. », État + Adj + que ;
La subordonnée complétive complément de l'adjectif attribut est remplaçable par un groupe prépositionnel. L’amplification est moindre :
- « Pierre est heureux que son projet ait été adopté. »
- « Pierre est heureux de son succès. »
Sa place n’est pas toujours aussi stable. Elle se situe en début de phrase, confondue avec l'exclamatif et l'interrogatif. L'indice est le mode du verbe ou l'absence en fin de phrase de la ponctuation correspondante :
- « Qu'il soit ému, c'est bien incompréhensible. »
- « Qu'il faille se méfier, c'est certain. », Que + GN + Ver:Subj + ... + Poc ;
Les formes « comme » ou « combien » : « Il sait comme je le préfère. » mettent en avant un comportement semblable à la complétive, et limité dans ce cas aux épistémiques. Nous pourrions donc étendre l’éventail de la famille « que » complétif. Ce classement pourrait éclairer la notion de vide sémantique de la Que-P, qui fonctionnerait comme élément de neutralité par rapport aux formes précédentes. Cette démarche est un prétexte à un développement à la fois de la dimension pragmatique, et à éprouver un écart plus franc avec les habituels usages grammaticaux.
Adv:Néga - Adv:Itrj
Le que apparaît avec une valeur de restriction : « Il n’était occupé que d'aller trouver sa chère Cunégonde. » (Candide) et il sera classé comme Adv:Néga, afin de l’intégrer aux adverbes du même type.
Comme pour les négatifs la classe se repère au « ne », sauf si le paradigme de la négation s’intercale : « Les moteurs, à cette époque-là, n’offraient point la sécurité qu’offrent les moteurs d’aujourd'hui. » (Terre des hommes). Durant la catégorisation l’on constate que l’insertion de l’adverbe négatif l'emporte sur la forme complétive : « Il ne craint que les dieux. », « Il craint que les dieux ne l’emportent. », devant donc se trouver en début de chaîne de traitement du bloc que.
Un pronom peut précéder la forme et suggérer à tort un relatif : « Ce que Jean est pertinent ! ». « Ce » dans ce cas, semble plutôt relever d’un intensif ou d’un présentatif, et ne pas jouer le rôle d’antécédent, Adv:Itrj. À l’inverse de l'exclusif de l'énoncé précédent, la notion de la multitude, toujours avec manifestation d’une interjection : « Liberté, que de crimes sont commis en ton nom. » (Attribué à Mme Roland, le 8 novembre 1793).
Coj:Circ/Locu
La conjonction circonstancielle peut être supprimée sans attenter à la cohérence syntaxique de la phrase, contrairement aux complétives et aux relatives déterminatives. Elle est aussi mobile. Les éléments qui la constituent sont invariables, formés généralement de Pré + que ou Adv + que, et l’on trouve : « si », « au moment où ».
Si les complétives sont des propositions qui remplacent les groupes du nom compléments d'objet, sujets ou attributs d'une phrase simple, les subordonnées circonstancielles remplacent des groupes prépositionnels compléments circonstanciels et reprennent donc plus ou moins la valeur sémantique de la préposition.
Afin de faciliter le recensement la conjonction sera découpée dans les chapitres suivants, en temporel, concessive, conditionnelle... et corrélative, en attendant de reporter ces traits pour enrichir la convention.
Coj:Circ :
quand ; lorsque
Coj:Circ/Locu :
alors que ; avant que ; après que ; jusqu'à ce que ; d'ici à ce que ; tant que ; aussi longtemps que ; toutes les fois que ; chaque fois que ; pendant que ; tandis que ; cependant que ; sitôt que ; dés que ; aussitôt que ; depuis que ; au fur et à mesure que ; à mesure que ; au moment où ; maintenant que ; jusqu’à tant que ; jusqu’à temps que ; d’ici que
Coj:Circ/Corr/Locu :
à peine ... que ; tout juste ... que
L’on relève que les traits peuvent se superposer : « maintenant que », causale et temporelle, et opérer un glissement de Pro:Rela à Coj:Circ, c’est-à-dire de la forme « où » vers le syntagme « au moment où ». Un nouveau trait, Coj:Circ/Temp/Simu, pourrait se matérialiser par :
- la simultanéité, employé avec l’indicatif « au moment où, en même temps que, pendant que, tandis que, alors que, lorsque, quand, cependant que, depuis que » ;
- l’antériorité, employé avec le subjonctif, « avant que, jusqu’à ce que, en attendant que, sitôt que » ;
- la postériorité, avec l’indicatif, « après que, dès que, aussitôt que, une fois que » ;
- la proportion, avec l’indicatif, « à mesure que, tant que, jusqu’à ce que, chaque fois que, toute les fois que » les deux dernières impliquant une répétition et les premières l’égalité ;
- le duratif avec l’indicatif : « tant que, aussi longtemps que, depuis que ».
Coj:Circ : quoique
Coj:Circ/Locu : bien que ; encore que ; alors que ; non que ; quoi que ; malgré que ; même si ; quand bien même ; au lieu que ; loin que ; en admettant que
Coj:Circ/Corr/Locu : tout ... que
Ces conjonctions ou locutions indiquent un fait qui aurait pu s'opposer à la réalité ou qui contraste : « Je continue à dire «chez nous», bien que la maison ne nous appartienne plus. » (Le Grand Meaulnes). La frontière avec d’autres circonstancielles n’est pas toujours très claire : « quand bien même » à la valeur à la fois conditionnelle et concessive.
Les équivalences prépositionnelles « malgré que » = « malgré », « au lieu que » = « au lieu de » ou « loin que » = « loin de », appellent plutôt des infinitives, des participiales ou des averbaux : « Pour avoir passé deux nuits sans sommeil, vous ne paraissez pas trop fatigué. », « Bien que vous ayez passé… ».
Le subjonctif suit dans la plupart des cas, et l’indicatif avec « même si », « alors que », « tout … que », parfois avec « au lieu que » et le conditionnel avec « quand bien même ».
Les formes corrélatives se retrouvent : tout + Adj/Adv + que , si + Adj/Adv + que, quelque + Adj/Adv + que , « aussi gentil soit-il ». Il peut se présenter une ambiguïté avec les consécutives de la famille des comparaisons : « Il est si gentil que... ». L’on pourrait encore distinguer les traits avec la notion de restriction : « même si », « encore que », et d’alternative : « tandis que », « alors que ».
Coj:Circ : si
Coj:Circ/Locu : pourvu que ; pour peu que ; soit que ; selon que ; suivant que ; ou que ; en admettant que ; à moins que ; sauf si ; faute de quoi ; même si ; au cas où ; à condition que ; pourvu que ; à supposer que
La forme « si » est la principale marque de l’hypothétique. Elle admet nombre de possibilités aspectuelles, « Si j’ai le temps, je t’aiderai. », futur hypothétique, « Si j’avais le temps, je t'aiderais. », potentiel ou irréel du présent, « Si j’avais eu le temps, je t'aurais aidé. » irréel du passé.
Certaines locutions comme « à supposer que » peuvent être ambiguës avec la complétive : « À supposer que tu aies raison, il faudrait quand même vérifier. », Coj:Circ, circonstancielle, « L’erreur consiste à supposer que les vérités qu’on nomme purement algébriques sont des vérités abstraites [...] » (La Lettre volée), Coj:Cplt, complétive.
Coj:Circ/Locu : ainsi que ; de même que ; pas plus que
La « proposition conjonctive averbale indiquant une comparaison d’égalité [...] ainsi que, aussi bien que, autant que, comme, de même que, non moins que, non plus que, pas plus que » (Goosse, 1993 : 1993 : §445a) se confond avec les conjonctions de coordination, que l’on aurait pu qualifier de Coj:Coor/Cmps. Les formes possèdent en effet un trait de coordination, et sont regroupées dans quelques règles avec les adverbes de liaison comme connecteur. Voir la forme « ainsi » § IV.5.1. .
Coj:Circ/Corr/Locu : moins...que ; plus...que ; tant...que ; aussi...que ; mieux...que ; même...que ; à ce point...que ; à tel point...que ; tant...que ; si...que ; tellement...que ; à peine...que ; d’après...que ; en fonction de...que ; grâce à...que ; meilleur...que ; autre...que
La corrélation signifie généralement l’idée de comparaison « plus ... que », parfois de conséquence « à ce point ... que », de temporalité : « À peine j’étais arrivé que » ou de cause « [...] c’est d’après cette conviction que j’ai marché. » (La Lettre volée). Le fait d’être une locution séparée et d’intégrer le trait de la proposition averbale ou verbale fait de cette forme la plus spécifique à gérer pour notre programme car elle opère comme syntagme disloqué.
Il s’agit d’un bloc particulier de la catégorisation. Il se sert de la forme pour travailler au niveau de la phrase. C’est donc une adaptation qui connaît ses limites. Ses règles considèrent des formes vides afin d’évoluer au fil de la phrase pour indiquer par exemple : " redescendre la phrase jusqu’à trouver une ponctuation forte ", ce qui revient à rédiger une boucle : forme + X blanc + ponctuation forte. De véritables règles syntaxiques indiqueraient une requête plus simple du type : forme + fin de phrase.
La conjonction se forme de l'insertion d'éléments obligatoires à l’intérieur des deux formes aussi + Adj:Qual + que , si + Adj:Qual + que et des différences sémantiques : « tant que » est une circonstancielle de temps, et « tant ... que », une corrélative de conséquence. L’on trouve aussi un verbe : « Par attraction sémantique, le verbe préférer, équivalent à aimer mieux, se construit souvent avec une corrélative : Il préfère aller se promener que travailler. » (Le Goffic, 1993 : §286 Rem.4). À l’inverse, la corrélative de conséquence peut voir l'ellipse des formes antéposées : « Il est grand que c'en est impressionnant. ». La marque est ici le très caractéristique « c'en ».
Ce système nous permet d’observer les limites de règles centrées sur les seuls syntagmes, de juger de l’opportunité de développer le niveau syntaxique, d’envisager la problématique des idiotismes pour la traduction, et de proposer des formulations compatibles entre les différents niveaux d’analyse, du morphème à la proposition.
La catégorisation se déroule en trois étapes :
- une première opération vérifie que l’antécédent est en liaison avec que. Deux classes Coj:Circ avec les traits Verb et Aver sont appliquées à l’antécédent si le test est vrai ;
- une deuxième phase opère pour que, afin de déterminer s’il est précédé d’un antécédent Coj:Circ, s’il faudra appliquer ou non les classes Coj:Circ/Corr, puis s’il est suivi ou non d’un verbe pour différencier Coj:Circ/Corr/Verb/Locu et Coj:Circ/Corr/Aver/Locu ;
- une troisième phase communique le trait Verb ou Aver à l’antécédent.
Il faut considérer que la séquence entre les deux éléments peut être plus ou moins longue et que la rupture après le deuxième élément, plus ou moins marquée : « Un gros corps est plus difficilement mis en mouvement qu'un petit, et sa quantité de mouvement est en proportion de cette difficulté. » (La Lettre volée). La séquence est moyennement courte, « difficilement mis en mouvement » et la rupture assez marquée : « , et » ce qui permet une catégorisation des traits Corr et Aver, pour cet exemple, sans problème.
En revanche, il peut se présenter une ambiguïté difficile : « Philippe est encore plus *plus Adv:Degr attaché à ces objets que *que Pro:Rela Jean fabrique. », « Philippe est encore plus *plus Coj:Circ/Corr/Verb/Locu attaché à ces objets que *plus Coj:Circ/Corr/Verb/Locu Jean ne croit. » L’indice « ne » est mince. L’on va retrouver en partie la même problématique que la complétive confondue avec la relative, décrite au chapitre suivant. La nécessité de disposer d’une base de verbes transitifs, intransitifs, et modaux se précise. En attendant, il est à remarquer que le syntagme à l’intérieur de la corrélative assoit l’ambiguïté parce qu’il contient un adjectif. Ce n’est pas toujours le cas : « Je surprenais aussi *aussi Adv:Degr /amb les confidences que Pro:Rela l’on échangeait à voix basse. » (La Lettre volée), pour « aussi » la séquence interne Dét + Nom ne peut pas pointer une corrélative. Les formes « plus », « moins », demeurant problématiques.
Une première source de confusion a lieu lorsque le nom compose la locution verbale : « avoir besoin que ». La résolution est simple lorsque précisément ce type de syntagme est figé : « " je jure *jurer Ver:IPré+SG+P1 /amb devant Dieu qu'en mon âme et conscience, en détruisant tous ces tordus je suis bien convaincu d'avoir servi la France " » (La java des bombes atomiques, Boris Vian). L’énoncé montre en effet deux indices déterminants : un syntagme type susceptible d’être figé devant + Nom:Prop et un verbe modal. Toutefois l’incise parasite cet aiguillage : « Je jure devant Dieu que je prie chaque soir... » et crée une difficulté d’interprétation. Cette exception est un exemple de syntagme au degré de figement pouvant le classer comme composé, mais suffisamment faiblement pour avoir une incidence sur l’appréhension du reste de l’énoncé (voir chapitre IV.3.4.4. sur la construction syntaxique).
Une seconde difficulté tient de l’éloignement du verbe de la complétive, coupé par un simple syntagme Pré + Dét + Nom, la présence d’un verbe modal (§ IV.7.5.) devrait amener un résultat juste : « Michel demande à la secrétaire qu’elle le rappelle. » Pour cet énoncé, Cordial et Fipstag ne sont pas très sûrs d'eux, § II.5.6. .
La troisième possibilité d’erreur ressort des noms introduisant une complétive proche par le sens d'un verbe. Ce sont des termes abstraits issus de la transformation d'une phrase par nominalisation : « Il espère qu'il guérira. Cela l'enhardit. », « L'espoir qu'il guérisse l'enhardit. » Parmi les indices l’on relève que le mode de la complétive du nom est le même que celui de la complétive du verbe correspondant : craindre (la crainte) + que + subjonctif.
Ce phénomène, objet de description dans nombre de grammaires, est d’une résolution hors syntaxe. Établir une liste de noms abstraits serait judicieux même si leur dénombrement est une difficulté. Mais l’ambiguïté peut demeurer : « J’ai la conviction que vous savez. », « L’espoir que Charles chante l’enhardit. » Ce dernier peut se comprendre de deux façons : soit l’attente, incertaine et passionnée, d’entonner une chanson, soit un chant exaltant contenant l’idée d’espérance.
Un nouvel indice pour distinguer le verbe est sa transitivité : « Vous vous rappelez sans doute avec quels éclats de rire le préfet accueillit l’idée que j’exprimai dans notre première entrevue. » (La Lettre volée), Pro:Rela, le verbe « exprimer » est transitif et appelle donc un complément. En revanche, il se trouve un intransitif dans l’énoncé : « L'idée qu'il mourra peut-être trente ans plus tard ne gâte pas les joies d'un homme. » (Terre des hommes), Coj:Cplt.
La problématique du nom abstrait et du groupe nominal inséré peut se cumuler : « Il faut vous armer de patience et vous soutenir par l'espoir qu'elles finiront. » (Diderot, La religieuse), Coj:Cplt. Dans cet énoncé « finir » est un verbe transitif, mais l’énoncé ne peut pas se comprendre comme « finir l’espoir », il s’agit de l’insertion d’un syntagme adverbe de liaison, « par l’espoir ».
En dehors d’un verbe du troisième groupe possédant la morphologie du subjonctif, ce type de construction semble délicate à résoudre. Sans établir une liste des verbes transitifs et intransitifs, l’on envisage deux règles. Une avec avec la présence ou non de l’auxiliaire avoir, « La crainte qu’ *que Pro:Rela/Verb /amb ils ont le révolte. », « La crainte qu’ *que Coj:Cplt /amb ils reculent le révolte. », pour la séquence : Dét + Nom + que + groupe nominal + avoir. Puis une seconde qui se fonde sur une propriété syntaxique : « Alors que, dans la relative, l’inversion du sujet nominal est possible, elle est exclue dans la complétive. » (Delaveau, 2001 : 90), ce qui aiguille que + Ver + groupe nominal vers Pro:Rela : « L’espoir que chante Charles l’enhardit. », ne se comprend plus que d’une façon en admettant que « l’ » ne soit pas une autre personne ; règle qui reste donc à tester.
La question d’une succession d’incidentes pose une difficulté syntaxique qui pointe les limites d’une catégorisation mot à mot : « Je veux *vouloir Ver:IPré+SG+P1 dire, continua Dupin, pendant que je me contentais de rire de ses dernières observations, que *que Coj:Cplt /amb, si le ministre n'avait été qu'un mathématicien, le préfet n'aurait pas été dans la nécessité de me souscrire ce billet. » (La Lettre volée). Dans cet exemple, il faut s’en remettre à des indices. Nous sommes en fin de chaîne de traitement, et du fait de sa position entre virgule, la forme n’a pas fait l’objet d’un aiguillage, seulement d’éliminations pour l’interjection, la négation et la corrélative. Une règle peut alors supposer que la présence d’un verbe modal à moins de dix formes en amorce de phrase, incline pour la complétive. Toutefois cet indice est fragile notamment par la présence d’une circonstancielle « pendant que » pouvant signifier que le « que » suivant le reprend dans une construction énumérative, comme va le montrer notre deuxième énoncé.
Un cas plus simple : « C’est maintenant, dit l’homme, que nous voyons [...] », montre une difficulté intégrable dans une règle où l’incise est une variable, § III.1.4.2., incise parole = Pob + verbe de parole + Dét + Nom + Pob pour présentatif + Adv + incise parole + que. En apparence plus compliqué, cet énoncé démontre que si aucune forme ne vient tromper le parcours de la phrase, l’aiguillage peut s’effectuer sans erreur : « Et quand *quand Coj:Circ /amb l'un d'eux, qui revenait d'Alicante ou de Casablanca nous rejoignait en retard, le cuir trempé de pluie, et que *que Coj:Circ/Verb/Locu /amb l'un de nous, timidement, l'interrogeait sur son voyage, ses réponses brèves, les jours de [...] » (Terre des hommes). Nous sommes toujours en fin de chaîne de traitement de « que » puisqu’il s’agit d’une séquence Pob + et + que. L’information a remonté vingt-quatre formes, passant un complément, puis deux propositions, dont un pronom relatif mais non identifié comme « que », et a atteint le « quand », ce qui clôt la règle.
L’on peut noter une erreur de format de trait pour « que » qui devrait prendre en compte une identification avec une exception des subordonnées circonstancielles, à savoir que « quand » n’est pas un composé, Locu. Les tests sont importants pour nous mettre en présence de ce type d’observation et apporter un enrichissement dans la règle par une étiquette plus juste.
La convention grammaticale, pour Notule 1.1 IV. Le récapitulatif des balises en usage dans Notule 1.1 |
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Rédaction
: 01.04.2004 Publication : 01.11.2006
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